Le miel et le frelon
C’est bon d’être frelon
Juste pour le miel si bon
Allez la ruche plutôt le chardon
L’amour y pousse à profusion
qui révèle tous les dons
Dame miel aux airs bougons
reprochait à son compagnon
de satisfaire les sempiternels flonflons.
Il excellait dans l’esquive des jurons
proférant le sermon de Cupidon[1].
Et plutôt que de subir ses aquilons
négligea sa cendrillon
pour se changer en papillon
Tout aise à fricoter avec d’autres jupons
Il se délestait de l’enquiquinant caleçon
Elle ne se méprenait pas sur le félon
Un Don Juan jouant du baryton
et du baratin chers aux bouffons.
Aux reproches et conseils bidons
« perdre un cochon c’est gagner un mignon »
et pire « à chaque miel son frelon »
mal lui en prit de maugréer, Non !
et tourner sans ouïr les talons
Il se garde de dévoiler furibond
la fin ici réservée à son union.
Le temps, il en usa à foison
pour méditer sur un autre dicton :
L’amour fait perdre le jargon
tantôt tourner en rond
tel un mouton ou un con
mais il n’est une prison ni un poison
plutôt un sublime calisson
Narrer cette fable me fiche le bourdon
d’autant qu’il s’agit de mon frangin frelon
tiraillé entre dames miel et reblochon[2]
qui s’en sont allées battre pavillon
aux bras de beaux et fiers lurons.
Quand tinte le ding dong du portillon
il imagine le retour de sa belle au giron.
Ce sont hélas les amis sur le paillasson
qui s’en sont tenus à leur filon
et maintenant visite le moribond
Il est donc pour eux de bon ton
de lui resservir d’un air folichon
le vieux proverbe frelon
dont moi aussi ai apprécié le fond
Celui qui franchit le Rubicon[3]
mordant à tous les hameçons
N’évoquera la trahison d’Apollon[4]
quand sa ruche sera à l’abandon
Odyssée Noire / chevalnoirdulysse@gmail.com