Le pardon
Tu me demandes d’y croire
A travers les persiennes, aux lendemains sereins
Ils sont striés par les pleurs que j’ai versés
sur la vigueur des nôtres et des miens.
A la sieste des armes, à cette heure candide
As-tu vu la balle qui logeait dans sa tête ?
Balle égarée dans l’amour de la tante
Ô Amour perdu
Tu me demandes d’espérer
Mais les tâches d’angoisse, de chagrin dans le toit
parsèment le coeur qui ne cesse de grincer
As-tu entendu à l’aurore éclater
le tocsin des orphelins ?
Obus tombé sur l’amour des parents
à l’abri d’un cagibi loin des enfants
Ô Amour éclaté
Tu me demandes de la patience
Cette rançon exigée aux familles.
Goulot froid pointé sur leur tempe,
il leur faut cent fois décortiquer le silence.
Dans les épluchures du bonheur éparpillées
où trouver l’odeur et l’empreinte otages ?
Longue procession entre haine et amour
pour arracher son père aux ravisseurs
Ô Amour pillé
Tu me demandes de pardonner
La douleur, les heures frelatées
Mais peuvent-elles à vrai dire t’entendre ?
La honte déposée aux pieds du vainqueur,
La colombe griffonnée au ciel,
Suffisent-elles à effacer les roquettes
qui avortaient chaque nuit nos espoirs ?
Ce pardon dérisoire ne parvient à l’oreille
Ni des charniers, Ni de la chair à canons
Pour les condamnations à mort
infligées à nos rêves
Qu’ils portent les sépulcres
noyés au fond des yeux orphelins
Qu’ils y lisent la pitié qu’ils n’ont pas eue
Qu’ils puisent leur dignité
Pour les larmes tombées à terre
Pour chaque goutte de sang qu’elle a bue
Qu’ils égorgent nos cauchemars
truffés de leurs lames empoisonnées
Qu’ils y voient une fois, rien qu’une fois
Comment devenir un homme
Odyssée noire / chevalnoirdulysse@gmail.com