Deux bêtes en cage
Retranchées dans leur tanière au bénitier
Après tant de blessures et de tueries
La famine mordant, les coups de mortier
Les voilà à la queue leu leu sans leur furie
Les griffes émoussées jusqu’alors affûtées
Qui propageaient la veille, sans retenue
Terreur et consternation dans la cité
Sont celles des tueurs impuissants et nus
Aux mains des chasseurs, prêts à châtier
Dociles, elles agitent leur queue rabougrie
Pour implorer cette fois la pitié
Et non essaimer les treillis vert-de-gris
Pantoises, pantelantes, la tignasse éparse
Aux réprimandes d’un bidasse, assénées,
Elles déglutissent leurs funestes farces
Tels des chenapans craignant d’être malmenés
Le regard hagard, la mâchoire qui flageole
Dans la cage, captives, sont les bêtes
Terrifiées, les bras léchant le sol
Et la peur qui dégouline de leur tête
Terrible ricochet de balles sur les despotes
Perdant la raison, se voyant prophètes
Nourris du sang de leurs compatriotes
Les voilà ces parricides qui végètent
Laissez-les au bras de leur démence
Ne méritant point qu’on leur donne la mort
Sans pitié sévira la déchéance
Pour leurs crimes commis sans remords
Odyssée noire / chevalnoirdulysse@gmail.com