Mon Afrique
Je veux te conter l’Afrique où je flânais
Sa misère à perte de vue où pousse la démesure
Emprise aux fourberies sous l’invasion des monarques
Te conter mes larmes sur son écorce dure
Mais, Mais…
Je veux te conter mon Afrique calfeutrée
Dans ses logorrhées, ses masques et ses oraisons
Dans le rituel des allégeances ancestrales
Qui enflent, gonflent de servilités ses poumons
Mais, Mais…
Je veux te conter le naufrage de mon Afrique
Les vents en palabre qui déchirent sa voilure
La houle sur sa liberté et ses espoirs rossignols
Te conter l'odeur purulente qui écume sur ma blessure
Mais, Mais…
Je veux te conter mon Afrique bleue et ocre
J’habitais sa détresse, ses souffrances latérites
Son ardeur mutilée par l’appétit des ogres
Te conter les offenses à ses enfants baobab
Mais, Mais…
Je veux te conter l’Afrique cinquantenaire
Portant dans sa bosse ses forfaitures, ses déchets
Le refrain tragique du Roi nègre de Césaire
L’Afrique des sempiternelles décolonisations
Mais, Mais…
Je vais plutôt te conter l’Afrique dans la cime
Ses greniers d’argile comblés de courage
J’habite cette Afrique s’extirpant de l’abîme
J’habite la sagesse universelle qui emplit son carquois
De mon Afrique, fils, fais en bon usage
Au soleil pluvieux, déploies ses audaces
Toi qui incarne sa réussite patente
Cultive dans mes cicatrices cette terre que j’enlace
Odyssée noire / chevalnoirdulysse@gmail.com