Saison lente
J’attendais impuissant entre gel et fièvre
Que le dragon bicéphale n’ait plus ses têtes
Il agonise à présent sur les engelures des innocents
Sa queue gigote et convulse
Sous mon oreiller, le massacre sournois
Faut encor attendre pour rêver
J’ai attendu, du nord vint l’harmattan
Audace providentielle qui s’engouffre
Par tous les sentiers, les colonnes de la ville
dans le dos, ses piqûres glaciales
Et les pilleurs à sa queue qui désossent
Razzia goulue vengeresse
J’attends à présent qu’ils passent
Coup sur coup, je cogne d’agacement
sur les prédateurs débusqués
Reste le caporal, le fanfaron qui se terre
dans le maquis se meurt
Et sa queue galonnée se recroquevillant
Pour l’allégeance salutaire
J’attendrai la saison des pluies
La fin de l’harmattan que tout fleurisse
Je reprendrai mon chant où l’ai laissé
Un long soupir poussé librement
Enterrés, nos morts et le calvaire
Enterrées mes insomnies, aux étoiles
Enfin je n’attendrai plus,
le front épongé des supplices et des peurs
Mais les entailles aux mains
Incurables, je les garderai.
Odyssée Noire / chevalnoirdulysse@gmail.com